Aux portes du ciel. Ma vie professionnelle m’a amené à dormir dans un hôtel grec étonnamment situé : l’Akrathos beach est proche de la frontière d’une "république" de moines orthodoxes, celle du Mont Athos. Ce territoire autonome, grand comme deux fois l’île française d'Oléron, est isolé sur une des trois presqu’îles de la région de Chalcidique au nord de la Grèce. Le Mont Athos est peuplé exclusivement de moines (2300). Ils sont nichés dans une vingtaine de monastères accrochés aux flancs de montagnes dominées par la pointe du Mont Athos à plus de 2000 mètres d’altitude. Les femmes y sont interdites… même les femelles des animaux n’y sont pas les bienvenues, exceptées les poules, car les moines ont besoin d’œufs et les chattes parce qu’elles chassent les rongeurs ! Il faut un visa aux hommes qui veulent y entrer et ces laissez-passer ne sont distribués qu’au compte-goutte (quelques unités par jour).
A défaut de visite à l’intérieur de cette incroyable république, unique au monde, on peut en faire le tour à l’extérieur côté mer,… à condition que le bateau n’approche pas à plus de 500 mètres de la côte. Des croisières d’observation du Mont Athos partent donc à 2 km de l’hôtel Akrathos Beach, du port d’Ourannopolis. Le nom de cette ville signifie en mot à mot "la cité du ciel". Un nom qui n’a rien à voir avec la béatitude monacale actuelle. Il fait référence à la mythologie grecque, antérieure à l’ère chrétienne, à fortiori à l’orthodoxie. Ce nom fait allusion à une bataille mythique qui aurait opposé des géants monstrueux, fils de Gaia la terre, aux mortels olympiens. Les géants ne pouvaient être tués qu’à condition d’être frappés par un dieu et un mortel. Or ces géants lançaient sur la terre d’énormes rochers, dont l’un devint le Mont Athos. C’est finalement Zeus lui-même, allié à l’humain Héraclès (Hercule chez les latins), qui permit d’écraser les géants.
Je me suis donc embarqué sur un gros bateau à Ourannopolis pour la croisière du Mont Athos, encadré par un bal de mouettes au plumage immaculé. J’ai vu défiler un à un les monastères sur fond de décor de montagnes, tranchant derrière la ligne bleu azur de la mer à cet endroit : Docheiariou, Xenophontos, Panteleimon, Simonos Petras, Osiou Gregoriou, Dyonisiou, Agiou Pavlou,… Des nids d’aigles blottis dans un repli de rochers au bord de l’eau ou agrippés à des parois vertigineuses. Un paysage divinement beau et grandiose au milieu d’une nature quasi intacte.
De retour à l’hôtel Akrathos beach, entouré de montagnes verdoyantes, j’ai trouvé que cet établissement avait quelque chose de paradisiaque, en rapport avec ces lieux bénis. Pour aller à la plage au sable doré comme une auréole il faut emprunter un chemin bordé d’oliviers et la vue est imprenable sur la mer bleue et turquoise et les montages. J’ai même déniché, un peu ensevelie au milieu des constructions de l’hôtel, une minuscule et authentique chapelle orthodoxe, encombrée d’icônes de saints. Son clocheton, encastré entre les toitures des bâtiments, est un peu étouffé et désacralisé.
Il y a un peu plus d’un mois, un grand tour-opérateur français, Look Voyages, a implanté dans cet hôtel un Club Lookéa, le seul club francophone "all inclusive" du nord de la Grèce. Un vrai club de vacances avec jeux, fitness, aquagym, water-polo, jeux café et cocktails apéro, tournois, zumba, body combat, stretching, danse, ciné-club à la belle étoile, soirées à thème, etc… Le soir où j’ai débarqué dans cet hôtel club, les animateurs proposaient leur "soirée blanche" hebdomadaire. Toute la décoration était en blanc pur et tous les animateurs et les clients habillés de blanc. Un moment angélique pour commencer un séjour radieux. J’y ai dormi comme un ange.
J’ai souvent éprouvé de la réserve pour le concept de Club de vacances. Certes on y peut faire de vrais "breaks", se couper de son environnement habituel, se lâcher, se détendre… Mais parfois avec les mêmes animations, les mêmes cuisines, les mêmes standards partout dans le monde. Je n’avais pas toujours été convaincu par les expériences que j’avais vécues. Ce Lookéa Akrathos beach m’a fait réviser ma position et voir que club est réconciliable avec nature et culture. L’animation était efficace mais plutôt intelligente, la cuisine plus grecque qu’internationale, l’environnement transcendant… Et surtout, les excursions proposées, bienheureuses et sublimes. D’autant qu’à deux heures de voiture, la ville de Thessalonique m’a permis de découvrir des chefs d’œuvres de l’art paléochrétien et byzantins, classés au patrimoine mondial de l’Unesco. J’étais aux anges. Pas sur un nuage, il n'y en avait pas !