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Guinée : beaucoup de rencontres

Nos quinze jours passés en famille dans les villes et villages de Guinée (avant la crise de l'Ebola) ont été pour nous l’occasion de rencontres humaines que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Ces gens au hasard des rencontres, nous ont plus ou moins bouleversés et ont certainement changé notre regard.

Les trésors du jardin de Mr Dialo (Guinée Conakry)

L’entrée dans Conakry fait littéralement exploser mon cœur. Tous plus pimpants les uns que les autres, nous traversons la foule, le marché est bourré de monde. Femmes, enfants et hommes nous regardent intensément. Quelque chose nous sépare, je vois qu’ils sont conscients de leur différence, de leur misère, je crains qu’ils s’imaginent que les blancs peuvent être une solution à leurs problèmes. C’est de la démesure, cette pauvreté est de l’injustice. Le départ dans la vie devrait être plus équitable. Je ne peux retenir mes larmes, je suis choquée, gênée, qu’avons-nous de plus pour être regardés de la sorte, même si les blancs sont très rares en Guinée. Ma fille qui vit ici s’y est habituée, elle n’y prête plus attention. Cette première scène de la vie africaine restera gravée en moi pour toujours.

Quelques jours après, nous entrons dans l’immense halle d’un autre marché, celui de la ville de Labé au centre du pays. Les commerçants sont installés comme dans un souk, mais sûrement encore plus à l’étroit, très serrés. Nous avons du mal à nous frayer un passage, nous sommes les uns sur les autres. Il y a toutes sortes d’odeurs, des bonnes et de bien moins bonnes. Les étalages sont classés par catégories : vaisselle, tissus, viande, épices, bijoux, cuir, etc…Ce qui attire mon attention sont des montagnes de tongs, sans le moindre doute les chaussures les plus vendues au monde.

Des artisans très doués

Toujours à Labé, nous passons un temps fou à marchander, à essayer de baisser les prix, car à la vue d’un blanc les prix sont multipliés par trois facilement, souvent davantage. Naturellement aucun prix n’est affiché. Nous achetons tout de même des tas de choses : tissus, sacs, paniers, colliers, savons, tongs…les artisans sont vraiment très doués, spécialement ceux qui travaillent le cuir et qui fabriquent de superbes tongs devant nous. Ils sont des dizaines à travailler et à exposer leurs œuvres.

L’homme qui fabrique les sacs de cuir avec des rajouts de peau de serpent m’émerveille : déjà il est très beau, puis unique à manier l’outil et le cuir, mais il refuse la photo. C’est vraiment un endroit à voir, mais impossible de faire davantage de photos. J’aimerai tout prendre, les étals, principalement les bouchers, la viande, les tripes,… avec les mouches. J’aimerai photographier les regards, les yeux, les bébés souriants ou dormants dans le dos des mamans, les vieillards, etc… Il y a plein de belles choses à fixer mais seulement dans notre carte mémoire à nous, il faut respecter chaque personne en ne volant  ni l’identité, ni le choix.

L’humble et savant jardinier

Près de Labé, notre fille veut nous emmener voir les « jardins d’Alpha » qu’elle a à plusieurs reprises visités avec des stagiaires ou amis. Elle tenait à nous présenter Mr Alpha, pour qui elle a une très grande estime, un homme très humble et plein de connaissances en ce qui concerne les plantes médicinales, les arbres et toute la nature qui l’entoure. Il nous apprend et explique les choses avec simplicité, gentillesse et patience. C’est un savant qui enseigne régulièrement aux enfants des écoles à connaître et respecter la nature, puis à planter, semer des graines, faire des confitures.

Depuis 26 ans il travaille dans ce même jardin qu’il a vu prospérer avec beaucoup de bonheur et de fierté. Impossible de ne pas ressentir l’amour qu’il porte pour son métier, il nous promène, tout comme une valse, dans cet immense jardin aux milles plantes qu’il sait nommer et décrire une à une avec les particularités de chacune. Il y en a tant, qu’il est impossible de tout enregistrer et surtout d’orthographier : beaucoup de plantes aromatiques, de fleurs (poinsettia, orchidée, une sorte de mimosa dont la fleur de 10 cm se referme sur les doigts), d’arbres tels que les caféier, teli, baobab bonsaï, (les grands poussent du côté du Mali), eucalyptus, carambolier (fruit à étoile), goyavier, koura (fruit qui a le goût de la poire et de la banane), manguier, oranger, bananier, mandarinier, citronnier, palmier à huile rouge, arachides, de plantes médicinales (aloé vera), de lianes... puis d’énormes escargots (genre bulot), et de très grosses cigales de la couleur des troncs d’arbres au crissement d’ailes très sonore nous rappelant que nous ne sommes pas en Europe.

Un village tableau de maître

Aux environs de la ville de Kindia, dans l’ascension du mont Gan-Gan, c’est un village qui a marqué nos souvenirs. Le village est d’un calme reposant, et d’une propreté apaisante, nous apercevons ici et là des visages en coins de portes, ce lieu semble presque inhabité. En prenant une collation sur des bancs nous chantons en savourant nos délicieux et habituels sandwichs de sardines accompagnés de fruits à gogo. Les enfants du village sortent craintifs de leurs cachettes, nous observent de loin, s’aventurent près d’un arbre, se risquent à s’asseoir autour de nous, ils laissent échapper des sourires, le contact est passé. L’un de nous leur partage des sandwichs. Leurs yeux brillent de mille étincelles, ils sont magnifiques. Plus loin une femme très belle et très grande, pliée en deux, étale sur le sol un monceau d’arachides dans un mouvement pittoresque. Le soleil n’a plus qu’à faire le reste. Des hommes traversent la cour, nous saluent. Les poules picorent autour de nous. Les chiens très maigres, nous implorent de leurs yeux de quelques restes. Le tableau est digne d’un grand maître. Avant de quitter ce village ancestral, un homme nous demande de prendre des photos ensemble.

A la recherche de jardins potagers

Un autre jour, notre fille nous emmène dans un village perdu entre Labé et Dalaba, Ditinn à la recherche des jardins potagers de Dounki Mania. Les panneaux de signalisation sont déjà rares en Guinée, mais là ils sont inexistants. Nous prenons des chemins de plus en plus étroits et de plus en plus chaotiques, nous traversons des champs, avec parfois des herbes plus hautes que la voiture. Le 4x4 n’est pas un luxe. Heureusement partout nous croisons des familles dans les villages qui nous renseignent avec plaisir et que notre gendre guinéen traduit lorsque les habitants ne parlent que le ‘’sousou’’

Partout les gens nous saluent de la main. Notre fille devance systématiquement une demande de renseignements par un « bonjour, ça va ? Vous allez bien ? ». Les enfants sont plus craintifs. Parfois, en groupe, ils se sentent rassurés et crient ‘’foté , foté’’ (des blancs), mais en pleine campagne si nous ralentissons ils prennent leurs jambes à leur cou et se volatilisent.

Ici nous ne pouvons plus continuer, même en 4X4, c’est trop risqué à cause des trous et des mares d’eau un peu partout. Un jeune garçon nous propose de nous accompagner à pied. Les herbes sont gigantesques, nous prenons de minuscules sentiers, sautons des barrières, traversons de petits ponts de branches ou des passages à gué. Puis nous longeons des potagers où des femmes travaillent en portant leur bébé dans le dos tandis que leurs jeunes enfants jouent les fesses à l’air.

Cueillette des fraises et pédagogie

Nous marchons environ une demi-heure avant d’arriver aux jardins de Mr Dialo Négé. C’est un homme tout sec marqué par son travail, il est très abordable et à l’aise dans ses paroles, il marche pieds-nus. Ce qui le personnalise davantage est son petit bonnet percé sur la tête et son sourire communicatif. Aujourd’hui nous venons chercher des fraises. Avec son fils, son petit fils et lui-même nous nous mettons tous à la cueillette.

Mr Dialo a l’habitude de vendre ses fraises dans des petits paniers qu’il confectionne lui-même pour les protéger lors du transport. Il n’en a pas assez et s’empresse d’en refaire devant nous avec des branches très souples qu’il divise en deux sur toute la longueur pour les désépaissir. Le voyant à l’œuvre je lui propose d’en faire un, pour apprendre et partager un moment fort près de lui. Le moment est enrichissant et inoubliable, ce moment unique je ne le retrouverai nulle part.

C’est avec plaisir et sagesse qu’il me montre et m’explique la fabrication de A à Z d’un panier. Par contre il craint un peu que je me serve de son énorme couteau si tranchant, vu le manque d’ habitude et d’habileté que je reflète. Les paniers remplis de fraises sont recouverts de fougères pliées en quatre et ficelés d’une branche souple par les soins de son fils et son petit-fils. Après 5h de voiture en pleine chaleur, les fraises seront intactes…imaginez ce qu’elles seraient devenues dans des sacs plastiques.

Night-club à Kindia

Après le calme et l’isolement de la campagne, nous sommes de retour à Kindia, dense, vivante, animée. J’ai envie de tenter l’expérience d’un night-club guinéen. Mon mari et mon fils ne sont pas très chauds pour aller danser. Ils retardent un max le départ, simulent une grosse fatigue, etc… En vain. Etonnamment, la boite de nuit est très moderne, bien plus que certaines en France. Difficile de passer inaperçus pour les seuls blancs que nous sommes. Nous sommes hyper bien accueillis, un peu trop même : toutes les 2 minutes on annonce au micro ‘’bienvenue aux Français’’. On nous appelle par nos prénoms : « venez saluer le ‘’dji dji’’ »,  « allez, allez ». Ca y est mon mari se déride, il assure cool-cool, bien obligé, ma fille et son compagnon, impec, moi pas de problème je bouge, je m’éclate avec YaYa danseur confirmé.

Nous voyons les jeunes Africains différemment, ils ont une magnifique classe et une élégance indéniable, ils sont superbes, la plupart des hommes sont vêtus de costumes noirs et chemises blanches, les jeunes femmes très modernes sont aussi en tenues noires et blanches, très près du corps, très sexy. Pas besoin de dire que tous dansent à merveille et que c’est un plaisir de les regarder. La chaleur est terrible malgré les énormes ventilos. Nous rentrons sur les rotules vers 4h…. mais heureux.

Un accueil inoubliable

Avant notre départ, nous allons voir un cuisinier qui est hospitalisé. Nous le trouvons devant la clinique avec femmes et enfants, prêt à rentrer chez lui à pieds à plusieurs km. Il ne semble vraiment pas en forme, nous arrivons au bon moment. Nous les raccompagnons en voiture, ils sont ravis et insistent pour que l’on s’arrête chez eux. Un de ses fils sort les fauteuils dans la cour sous l’énorme  oranger.

La maman très souriante et accueillante s’empresse de faire tomber quelques oranges de l’arbre, puis nous les épluche en deux coups de mains avec son coupe-coupe : elle sectionne un chapeau afin que l’on puisse presser le jus et le boire, c’est plus rapide et plus original qu’un presse-citron. Très vite elle nous en prépare plusieurs à chacun, le goût de ces oranges restera à vie sur nos papilles, ainsi que dans nos cœurs, la gentillesse de cette famille. La maman porte dans son dos un bébé déjà grand mais handicapé. Il est là-bas considéré comme un sorcier et ses parents souffrent du regard des autres. La nuit est tombée, des gens passent nous serrer la main et nous discutons sans voir le temps qui défile. Nous sommes tout simplement bien.

Coups de coeur: 

- Les danseurs et musiciens de Kindia.

- Le sculpteur du ’’voile de la mariée’’.

- Les artisans du cuir …

Coups de griffe: 

-  Des rencontres difficiles sans de bons guides.

A voir absolument: 

-  Les « Jardins d’Alpha ».

-  Les jardins potagers de Dounki Mania.

-  Tous les marchés…

Destinations concernées: