Irrésistible et décapant. J’avais 14 ans quand je m’étais plongé une première fois dans ce livre fameux. Tout de suite je m’étais identifié au jeune héros de l’auteur américain. Pourtant j’étais dans le cocon familial alors que lui fuyait un père ivrogne sur un radeau. J’étais séduit par son impertinence, son insolence, sa liberté farouche. « J’avais reçu une mauvaise éducation et ça diminuait mes fautes », arguait-il. J’avais donc gardé un souvenir ému de ce voyage, along the Mississipi river. J’ai récemment réembarqué avec le même plaisir dans la lecture de cette aventure abracadabrante et corsée sur 1600 kms de Mississipi. « C’est chic de vivre sur un radeau », dit Huck au détour d’une rêverie au fil de l’eau. Certes mais Huck est un sale gosse qui affabule, ment comme un arracheur de dents et décoiffe les bien-pensants. Il fréquente, bien malgré lui, des personnages non recommandables, bêtes et méchants comme « un faux roi et un faux duc qui ressemblent tout à fait à des vrais ». Mais ses cocasseries et sa drôlerie sont irrésistibles. La plume de Mark Twain en profite pour dessiner des portraits décapants ou loufoques de cette Amérique sudiste de la fin du XIXème encore esclavagiste. Or, le compagnon de fuite de Huck est un « nègre », Jim, avec qui il se lie, malgré une forte imprégnation culturelle raciste, d’une sincère amitié, se déclarant même prêt à aller en enfer pour le sauver ! Un livre culte qui m’a redonné envie de partir à l’aventure sur les terres sauvages des Etats-Unis. Même si l’Amérique du XXIème siècle est à des années lumières de celle de Mark Twain, certains paysages et certaines mentalités n’ont pas forcément changé.