• Suivez-nous

    Stay
  • Stay
  • Visitez
  • Contribuez

    Vous êtes le bienvenu pour raconter votre voyage ou apporter un commentaire, Pensez à vous inscrire ou à vous connecter si vous êtes déjà inscrit.

    Stay
  • Destinations
    Stay
  • Thèmes

"Taxi Teheran" de Jafar Panahi

On aime : 
Taxi Téhéran de Jafar Panahi

Voyage dans un bocal. Le bocal c’est la voiture dans laquelle s’enferme et se met en scène le réalisateur iranien Jafar Panahi, interdit de film dans son propre pays. Toutes ses images sont filmées de l’intérieur du taxi dont il prend les commandes. A travers les vitres on aperçoit -souvent floues et pas très nettes- des rues et des immeubles de la ville de Téhéran, encombrées, fades, tristes, sans charme. J’ai eu l’impression d’être l’un des poissons rouges à l’intérieur d’un bocal que deux clientes du taxi transportent. Le bocal se brise et les poissons manquent d’asphyxier à l’extérieur. J’ai donc pris ce film comme une allégorie qui veut montrer que, pour un réalisateur de cinéma en Iran, la vie au grand jour c’est l’asphyxie. " La vie extérieure n’est qu’une grande prison ", lâche un de ses personnages.

On embarque donc pour un voyage de 1 h 30 dans ce faux taxi. La plus grande partie des scènes se passe, comme si les clients y défilaient fortuitement. Le taxi devient pendant un court instant, le lieu de rencontres des habitants. On commence avec une scène de café du commerce et un débat sur la peine de mort entre deux clients : une enseignante et un escroc inepte. Les scènes se suivent, burlesques, loufoques, abracadabrantes. Par exemple, un accidenté de la route, croyant vivre ses derniers instants s’inquiète de l’avenir de sa femme. Il profite de sa course pour enregistrer un testament qui devrait la protéger. Tout est subtilement scénarisé.

Comme cette scène qui filme l’enregistrement vidéo du testament, comme tout ce qui concerne les personnages étranges et cocasses tourne plus ou moins autour d’enregistrements et d’images.  C’est un film sur la liberté de filmer. Jafar Panahi embarque ainsi un vendeur DVD sous le manteau proposant des films interdits en Iran. Il va ensuite chercher une de ses nièces insupportable qu’il appelle " mademoiselle café glacé " et qui n’arrête pas d’enregistrer des images avec son appareil photo. Sa préoccupation est de trouver un sujet de film.

Mais cette mademoiselle pimbêche bute sur la définition du film selon les règles officielles qui lui ont été apprises à l’école. Ainsi, elle ne peut pas montrer la " noirceur ". Mais qu’est-ce que la noirceur ? Est-ce la réalité quand elle est laide ? Panahi finit par embarquer une " dame aux fleurs " chargée de roses pour un prisonnier qu’elle va visiter et qui en offre une à la caméra cachée qu’elle a décelée sur le tableau de bord " pour les amoureux du cinéma ".

Une bien piètre consolation puisque la dernière scène du film nous montre la police œuvrant par tous les moyens pour faire respecter les interdits. On a hâte que l’ouverture politique entamée dans ce pays se poursuive pour que ce beau pays qu’est l’Iran, quasi déserté des voyageurs internationaux, puisse redevenir un pays des mille et une nuits du cinéma et des voyages. 

Destinations concernées: