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"Partir en hiver" de Göran Tunström

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"Partir en hiver", un récit en Inde de l'auteur suédois Göran Tunström

Voyage impressionniste en Inde. "Partir en hiver" est écrit dans un style impressionniste, presque pointilliste : des phrases et des paragraphes se suivent, comme des touches assemblées pour  dessiner un tableau à partir d’une rue, d’un paysage, d’un personnage. Son auteur, un écrivain suédois de la fin du XXème siècle, Göran Tunström, raconte un voyage de six mois dans l’Inde profonde en compagnie de sa femme Lena et de son fils Linus, à l’invitation d’amis indiens communistes.

Il n’y a pas d’histoire, pas de chronologie, ni de récit suivi, mais des morceaux en désordre, détachés les uns des autres, en puzzle, en patchwork, parfois décousus, parfois recousus, comme des suites de diapositives sans enchaînements logiques ni apparents. L’auteur glisse sans cesse d’un lieu et d’un personnage à un autre, volète, papillonne, gratte avec son stylo comme une herse qui racle tout ce qui traîne, ou comme une caméra qui erre et ramasse tout ce qui se présente. Il jette des bribes de dialogues, de descriptions hyperréalistes ou des "absences d’événements". On ne sait plus très bien où ni quand on est, d’autant plus qu’il joue parfois  à saute-mouton avec ses souvenirs de voyages, par exemple au Nicaragua ou en Grèce.

Dans cette jungle de mots mêlant des futilités et des choses graves, on perçoit quand même petit à petit l’Inde et les indiens qu’il rencontre.  Il est sensible à la misère, aux  gens simples "fasciné par ce qui se cache sous les visages de tous les jours". A la recherche de ce qu’il appelle l’"indianitude", il laisse parfois parler ses interlocuteurs dans des monologues introspectifs, révélant leurs histoires et leurs délires. Avec un ton souvent ironique, il dévoile les injustices sociales, le ridicule, le grotesque, les contradictions. Il déclare que son "désir opiniâtre d’écrivain", est de "savoir mettre à nu ce qui se trouve à l’intérieur", ce qu’il tente de faire avec des esquisses à grands traits, souvent non abouties. Mais on ne le sent jamais lui-même s’impliquer ni se dévoiler directement.

Entre ses histoires qui sautent du coq à l’âne, et une sorte de dilettantisme apparent, ce fils de pasteur décoche ses flèches empoisonnées contre les religions, les politiques, la corruption. Même s’il est parfois capable d’écrire de très belles images et d’être poète à ses heures, j’ai souvent l’impression qu’il ne voit que ce qui ne va pas. Il ressort de son livre une vision noire de l’Inde et des indiens et mon impression est celle d’un auteur intrinsèquement pessimiste. Son livre de voyage ne donne pas envie de découvrir l’Inde.

Editions poche Babel, Actes Sud 1998

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