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"Nouilles froides à Pyongyang" de Jean-Luc Coatelem

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Asie Corée du Nord le livre de Jean-Luc Coatelem "Nouilles froides à Pyongyang"

Voyage chez Ubu. Que diable cet écrivain voyageur est-il allé faire dans cette galère ? En 2011, Jean-Luc Coatalem s’est embarqué dans ce qu’il appelle le "bazar totalitaire" de la Corée du Nord chez les "derniers archéo-communistes de la planète". Mal lui en a pris ! Il a découvert "les geôles d’un moyen-âge contemporain, un système qui broie les hommes, une population en hypnose collective, une pantomime actionnée par des câbles et servie par des automates grinçants ». Son tourisme en Corée du Nord est un plat qui se mange froid.

Je suis pourtant entré dans son récit comme dans un roman policier, en ressentant les risques de ce voyage dans un pays à peine imaginable. Sa visite, sans appareil photo ni téléphone portable, est embrigadée, encadrée, surveillée par plusieurs sbires androïdes, sans sourires ni sentiments. Il se fait passer pour un agent de voyages voulant monter un circuit, mais la suspicion est partout et il doit sans cesse ruser. Risque-t-il quelques pas seul dans la rue ? Aussitôt les regards s’appesantissent sur lui  "Qu’est-ce que fait cet européen sur le trottoir, s’interrogent les îlotiers ?  Où sont ses guides et son groupe de touristes ?"

Dans ce pays quasiment sans touristes où tout semble s’être arrêté dans les années 1950, tout est feint, mis en scène, tout doit être autorisé. Le voyageur doit toujours rester sur ses gardes, ne croire personne, ne parler à personne. C’est désespérant, déprimant, lassant, usant. Jean-Luc Coatelem définit ainsi son voyage : "Non ce pays raide, violent et peureux à la fois, vous condamne sans rémission à un périple factice et inquiétant. Aucune surprise, aucune initiation, pas de libre cours. Zéro rencontre. La norme, la loi, la répétition."

Il n’a finalement rien ou pas grand-chose à raconter, à part la peur, la laideur et la faim. Ses visites et les anecdotes grand guignolesques qui vont avec pourraient se résumer en dix pages.  Davantage qu’un reportage de terrain (on ne comprend d’ailleurs pas son itinéraire), son livre est une enquête documentaire de fond, avec des longueurs qui s’étirent un peu trop. Car, au fond, il n’a rien à raconter et doit broder, analyser, démonter, décortiquer autour du vide de son circuit. Il finit dégoûté de ce "régime de baudruches" qu’on perçoit comme les Caligula du XXIème siècle. Et il termine son tour dans ce "grand manège désenchanté" en se demandant : "Faut-il rire ou bien pleurer ?" 

"Nouilles froides à Pyongyang" éd. Grasset 2013, Livre de poche 2014 

 

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