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La collection Chtchoukine à la Fondation Louis Vuitton

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La peinture de Gauguin « Aha oe feii ? » de la collection Chtchoukine exposée temporairement à la Fondation Louis Vuitton à Paris

Un russe à Paris. C’est au cours d’un voyage à Paris en 1897 que ce riche industriel d’avant la révolution bolchevique fut pris de frisson pour l’impressionnisme. "Il commença une collection d’un art impopulaire rejeté par le Louvre et d’autres musées", a expliqué sa fille quelques années après. Sergueï Chtchoukine fut saisi d’une frénésie d’achat de toiles impressionnistes et postimpressionnistes. A tel point que sa collection finit par compter près de 300 œuvres dont 50 Picasso, 38 Matisse, 16 Gauguin et 16 Derain, 13 Monet,… La fondation Louis Vuitton a réussi à faire venir à Paris l’essentiel de ce bijou de l’Etat Russe, puisque cette collection avait été saisie pendant la révolution communiste. Un exploit dans le contexte des susceptibilités diplomatiques actuelles ! En la visitant, j’ai fait un voyage tellurique dans l’art de la première moitié du XXème siècle.

Difficile de dire, comme l’ont laissé entendre certains critiques, que c’est une exposition d’artistes français. Elle est par essence interculturelle. Picasso était espagnol,  Degas était fils d’une créole américaine, Pissaro né aux îles Vierge était d’origine danoise, Van Gogh était hollandais, Matisse a été ébloui par les Etats-Unis, Gauguin d’ascendance hispano-péruvienne a fini polynésien… Les impressionnistes ont été influencés par les paysagistes anglais comme Turner et les cubistes par l’art africain. Comme on le voit dans cette exposition, à travers des œuvres de Rodchenko, Gontcharova ou Malévitch par exemple, tous ont influencé l’avant-garde russe. Une salle de l’exposition consacrée à Gauguin est même accrochée à la manière d’une iconostase, comme Chtchoukine l’exposait chez lui !

Bref dans ce musée colorié, tendu comme les voiles d’un trois-mâts, à l’architecture aussi déstructurée qu’une toile de Braque ou de Picasso, entre les culs de sac, les recoins, les décrochements, les zones d’ombre ou de lumière, j’ai été balloté de surprises en surprises. Avec par exemple, dans ce vrac apparent, le dévoilement de parentés fulgurantes comme des arbres cousins de Cézanne, Derain et Matisse, des maisons de Picasso, Braque et Derain  ou des ports de Marquet, Matisse et Derain.

Personnellement, dans ce melting-pot pictural, j’ai fondu dans la salle entièrement dédiée à Gauguin qui m’a transporté aux îles Marquises : la plus éclatante, la plus chaleureuse, la plus attrayante. J’ai spécialement craqué pour cette composition de deux marquisiennes lascives "Aha oe feii ?" ("eh quoi, tu es jalouse ?"). L’autre artiste qui enflamme les visiteurs est Matisse à qui une salle flamboyante est aussi consacrée. Et il y a les cascades géniales de Picasso, les merveilles de Derain, un peintre pas assez valorisé… Quand, avant la révolution russe, ses amis se moquaient de ses achats, Chtchoukine répondait "rira bien qui rira le dernier !". C’est bien ce qu’il semble faire dans sa moustache sur ce portrait de lui droit dans ses bottes peint par le norvégien Xan Krohn et qui ouvre cette exposition vagabonde.

Exposition "Icônes de l’art moderne, la collection Chtchoukine", Fondation Louis Vuitton, jusqu’au 20 février 2017, 8 avenue du Mahatma Gandhi 75116 Paris. Cette collection est habituellement présentée aux musées Pouchkine et de l'Ermitage à Moscou. 

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