Les Maldives cachées. Que se passe-t-il aux Maldives ? Avant cet été 2015, le gouvernement de ce petit pays a gelé les avoir financiers du plus grand groupe touristique de l’archipel, Villa Group. Juste avant, l’ancien président de la République, M. Nasheed, qui avait introduit la démocratie, a été emprisonné. Le ministère français des affaires étrangères (sur son site « conseils aux voyageurs ») recommande de vérifier avant de partir la validité des réservations de voyages dans ce pays qui fait rêver beaucoup de monde et qui est toujours vendu par les tour-opérateurs.
En fait, il y a les Maldives côté pile, et les Maldives côté face. Un reportage de Nicolas Bertrand et David Da Meda diffusé l’année dernière sur Envoyé Spécial m’avait bien éclairé sur ce Janus à deux têtes. Il y a beaucoup de beaux pays touristiques qui ont ainsi une face cachée. Aux Maldives c’est flagrant. D’un côté l’image des Maldives est clinquante, les Maldives montrées, celles qu’on voit dans les brochures, sont composées de 90 îles-hôtels (sur 1200 îles et îlots) réservées aux hôtels haut de gamme. Ces îles paradisiaques reçoivent 1 million de vacanciers étrangers par an.
Il faut dire que la carte postale est séduisante : des hôtels de luxe isolés au bord de plages de sable blanc privées, face à un lagon émeraude où la principale activité est de clapoter en masque et tuba. Le service d’un personnel stylé est à votre service exclusif… Ce ne sont pas les lois de cette petite république islamique qui s’appliquent à ces îlots édéniques. Dans ces zones de liberté sans restrictions vestimentaires, on y boit de l’alcool et on y mange du porc sans aucune difficulté. Le pouvoir en place laisse faire pour le moment car le tourisme représente 80 % de la richesse de ces confettis enchanteurs perdus au milieu de l’Océan Indien.
Le revers de la carte postale, c’est le reste, les Maldives cachées. Dès qu’on franchit les portes du personnel maldivien de ces mêmes hôtels, les lois et les usages, comme l’obligation de la prière à la mosquée ou la burqa obligatoire pour les femmes, reprennent le dessus. Une loi musulmane fondamentaliste et son lot d’interdictions et de contraintes fortes s’appliquent à cette zone « sans alcool et sans fornication ». Depuis que les islamistes sont arrivés au pouvoir en 2004 par un coup d’Etat, la constitution oblige tous les habitants à être musulmans sunnites. Dans l’île de Malé, capitale la plus densément peuplée au monde, est apparue une cour de justice devant laquelle on flagelle en public les femmes infidèles.
Les islamistes au pouvoir essaient de nettoyer tout ce qui n’est pas musulman à leur goût. On en voit, par exemple dans l’émission de France 2, entrer en février 2012 comme des furies dans le National Museum pour y détruire les vitrines d’antiquités pré-islamiques. Ce sont sans doute les mêmes qui ont tenté d’assassiner un journaliste. Surtout, la peine de mort a été rétablie et s’applique aux enfants dès l’âge de 7 ans. Si des mineurs sont condamnés (3 l’étaient au moment de l’émission) on attend leurs 18 ans pour les exécuter par injection létale. Une mort trop douce aux yeux des plus extrêmes qui rêvent de rétablir la décapitation au sabre. S’il est facile d’aller se chauffer au soleil des Maldives, je pense qu’il est maintenant difficile d’y aller sans avoir froid dans le dos… D’autant que le réchauffement climatique et la montée des eaux menacent l’existence même des atolls de ce pays.
France 2, jeudi 23 octobre 2014 à 20 h 35