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La Nouvelle Calédonie, patchwork de terres, mers et populations

A l’autre bout du monde, ce territoire français est presqu’aux antipodes de la métropole. Il faut 22 à 24 heures d’avion pour y arriver. La distance que j’ai parcourue pour l’atteindre a été proportionnelle aux surprises et aux éblouissements qui m’y attendaient.

L'isolement quasi absolu sur la padisiaque Ile des Pins (Nouvelle Calédonie, Pacifique)

Arrivé en pleine nuit et m’étant jeté sur mon lit pour récupérer, je me suis réveillé ébloui en ouvrant mon rideau. Un pied sur terre et un pied dans le lagon, Nouméa est posée sur une presqu’île en dentelle et joue aux montagnes russes, de caps en promontoires, de vallons en collines, entre les baies et les anses. Le lagon, bleu ou argenté selon ses humeurs du ciel, est partout. Il m’a suffi de quelques minutes de bateau taxi pour m’aventurer tout près dans une randonnée palmée autour de l’îlot Canard et de l’îlot Maître. Waouh ! Je me suis retrouvé tout de suite dans une forêt de coraux, environné de groupes de poissons colorés : poissons anges, papillons ou clowns, gaterins rayés jaune argent et noir, perroquets à bosses aux allures de bisons, sous les ombres de raies manta ou de tortues géantes. Dans le bateau qui me ramenait j’ai vu se détacher, en bordure de Nouméa, les lignes tendues vers le ciel du Centre culturel Jean-Marie Tjibaou -construit par Renzo Piano, l’architecte du Centre Pompidou -. Cet émouvant monument réconcilie tradition et avant-garde, ville et campagne, terre, mer et ciel. Il illustre aussi la réconciliation entre kanaks (les populations indigènes) et caldoches, les populations rapportées. Car Nouméa est en même temps un condensé d’Océanie tropicale, un patchwork ethnique qui réunit non seulement kanaks et caldoches, mais aussi mélanésiens et asiatiques, australiens et polynésiens. J’ai retrouvé, au coeur de la ville, ce mélange de populations sous les flamboyants écarlates de la place des cocotiers où sur les bancs publics les « popinées » (femmes kanakes) dans leurs amples « robes missions » rivalisent de couleurs vives.

Une forêt qui avale les machines

La plus grande partie de la Nouvelle Calédonie est sa « Grande Terre », que les locaux appellent « le caillou », une île géante qui s’étire sur 400 kms de long, rehaussée d’une chaîne de montagnes en son centre. Côté « grand sud », la route m’a conduit, en moins une demi-heure de Nouméa, à travers des cols, vallées, chutes d’eau, vers des panoramas dégagés sur des crêtes vert sombre, griffées de pistes de latérite couleur rouge sang. Un paradis sauvage, peu peuplé, riche d’espèces endémiques de végétaux et d’arbres inconnus en métropole : niaoulis aux troncs blancs tortueux, kaoris, gaïacs, araucarias qui tendent leurs bras vers les nuages… Cette brousse engloutit tout ou partie les marques autrefois imprimées par des hommes comme, les travaux d’anciens bagnards, l’ancienne base militaire de l’US Air Force de la guerre du Pacifique ou encore les traces des premières mines de fer et de nickel. A Goro je vois les friches d’un convoyeur géant descendant de la montagne et le wharf qui le prolonge en bord de mer finissent de rouiller à moitié engloutis par la végétation. Mais la route m’a conduit à de discrets et mignons villages qui se sont dévoilés en bord de mer, côté lagon : Yaté, Prony, Touaorou,…

Le décor grandiose de Hienghène

Après le sud je me suis lancé vers le nord-est plus lointain de Grande terre, une côte, exposée à l’alizé du Pacifique et qui est une forêt tropicale luxuriante dont le vert intense rehaussé de fleurs rougeoyantes dégringole des montagnes et plonge dans le lagon, un des plus grands du monde. La petite route de corniche, sauvage, parfois bordée de plages blanches et d’îlots, débouche sur un petit bourg coquet niché au centre d’une baie resserrée dans un creux de montagnes. J’arrive à Hienghène. Le décor est presque aussi grandiose que ceux de la baie d’Along au Vietnam ou de celle de Phang Nga en Thaïlande : des paquets de montagnes dentelées posées au milieu de la mer et rongés à la base par le mordillement des vagues. Ce paradis du tourisme nature pour la randonnée, le kayak, ou la plongée est truffé de grottes. Il se trouve en même temps au cœur de la Kanaky libre, le pays de Jean-Marie Tjibaou issu de la tribu Tiendanite voisine. Le Centre culturel Goa Ma Bwarhat, planté au bord de la mangrove à l’entrée de Hienghène est là pour le rappeler. Autour de ce modeste musée sont reconstituées de grandes cases traditionnelles avec des chambranles de portes et des totems sculptés, gardiens muets d’une tradition millénaire, protégeant les terres en même temps que le lagon, une « zone tabou » pour les tribus.

L’ancien enfer devenu paradis

J’ai ensuite voulu me risquer hors du « caillou ». En effet, la Nouvelle Calédonie compte un chapelet d’îles autour de Grande Terre. La plus célèbre est la petite île des Pins au sud. Le saut de puce d’un petit avion m’a déposé en 20 mn en avion, sur ce pays de l’enchantement. L’aérodrome ressemble à une maison de poupée. Un instant plus tard, je marche dans une eau tiède : le fond est blanc immaculé et l’eau cristalline prend des teintes variant du turquoise à l’outremer. Des bancs de petits poissons s’approchent en curieux. De chaque côté s’élève une forêt d’où se détachent des rangées de pins colonnaires sveltes, une espèce endémique qui semble soutenir la voûte bleue azur du ciel. Dans ce bout du bout du monde j’atteins la « piscine naturelle d’Oro », un espace fermé et paisible, taillé dans le corail. Une poignée de japonais « just married » en palmes, masques et tubas clapotent de bonheur dans cette Cythère tropicale. Les japonais ont surnommé cet éden « l’île la plus proche du paradis » et viennent vérifier ce slogan sur les plages désertes de sable fin, pur et blanc des baies de Kuto et Kanuméra. Ce refuge de la jet set ne cache pourtant pas son histoire tourmentée comme en témoignent les ruines du pénitencier où vécurent il y moins de 150 ans 3000 déportés de la Commune de Paris.

A Lifou, culture et nature vierges

On m’a aussi beaucoup parlé des îles Loyauté à quelques encablures à l’est de Grande Terre : Ouvéa, Maré et Lifou. D’un autre saut en avion turbopropulseur, je pars à la découverte de cette dernière. Tout de suite, je suis accueilli à Nathalo. Dans la case de la grande chefferie il faut entrer par l’ouverture de droite, celle de gauche étant réservée au chef. Après ce passage qui oblige à s’incliner, je m’assieds sur des nattes près d’un feu qui couve et fume en permanence pour sécher et assainir la haute voûte de paille. Cette volumineuse case construite par les tribus du district est une sorte de Parlement local. Je suis au cœur de Lifou, la plus grande des îles Loyauté (plus étendue que Tahiti), et proche d’une île indépendante du Pacifique, Vanuatu (anciennes Nouvelles Hébrides). Lifou est un conservatoire des traditions kanakes. Et comme la culture, la nature y est à peu près vierge. La forêt recouvre la quasi-totalité de l’île jusqu’à de vertigineuses falaises et quelques plages paradisiaques désertes. Les villages, aux habitations enfouies derrière d’épais jardins, ne se devinent qu’avec la proximité d’un clocher. Seule Wé, la modeste « capitale » ressemble à un bourg avec son hôtel administratif, son lycée, son distributeur de billets, sa marina, son dispensaire. J’y découvre des noms de familles inattendus ici, des Wright ou des Forest, métis dilués de baleiniers et santaliers anglais du XVIIIème siècle. A Wé d’ailleurs les championnats de cricket traditionnel sont joués par des femmes en « robes missionnaires » aux couleurs de la tribu. La tribu championne, celle des Mu, a été surnommée « kirikitr », avatar linguistique du mot « cricket ». Le dépaysement est garanti.

Coups de coeur: 

- l’incroyable et permanent sourire des kanaks qui saluent tous les passants qu’ils croisent à pied ou même en voiture. - un écart culturel phénoménal avec la métropole qui remet en question. Par exemple pour entrer dans une tribu, il faut faire le « geste coutumier » très formel (petits cadeaux) qui ouvre sur des gens chaleureux, sincères et généreux. - l’extrême variété et la beauté d’une nature débridée et des paysages.

Coups de griffe: 

- les deux fois 22 heures d’avion (trajet le plus court) en classe éco pour aller et revenir.

- une signalétique insuffisante sur les routes, malgré leur bon état.

- les tricots rayés, poissons-pierres et cônes et tous les petits animaux venimeux dont il faut se méfier dans le lagon.

A voir absolument: 

- l’incroyable et permanent sourire des kanaks qui saluent tous les passants qu’ils croisent à pied ou même en voiture. - un écart culturel phénoménal avec la métropole qui remet en question. Par exemple pour entrer dans une tribu, il faut faire le « geste coutumier » très formel (petits cadeaux) qui ouvre sur des gens chaleureux, sincères et généreux. - l’extrême variété et la beauté d’une nature débridée et des paysages.